Inspiré du film Bon rétablissement

Les jours se suivent et se ressemblent. Pourtant, ce jeudi 20 novembre 2000, je l'oublierai pas de sitôt. Ce jour là, il faisait pas trop mauvais, alors j'ai pris mon courage à deux mains. Je me suis préparé pour aller au parc et là : BOUM! J'ai dévalé les escaliers qui mènent au rez de chaussée de mon petit immeuble de banlieue et je me suis pas raté :deux côtes félées, fractures du tibia et de l'humérus gauche.

Au début, j'ai relativisé. Je me disais que c'était un mal pour un bien. Le personnel allait être aux petits soins pour me garantir un bon rétablissement. On allait me chouchouter et je me sentirais beaucoup moins seul, beaucoup moins nul. Tu parles, que du pipeau! Je suis paumé, complétement chouté. Encore un peu et je vais exploser. Je me sens comme un lion en cage.

L'infirmière en chef m'a dans le collimateur. Elle me trouve impulsif, exigent, agressif et susceptible. Elle dit que je la saoule. Et pis quoi encore? Une chose est sûre, j'ai pas le temps de m'ennuyer. J'essaie de survivre entre ces quatre murs. Croyez moi, c'est pas de la tarte!

Tout se passe bien, ça ira mieux demain. On dirait pas! Si ça continue comme ça, je vais crever! Bah oui, si on me sert des haricots filandreux, des steacks durs comme du bois, de la bouillie en guise de purée et du jus de chaussette en guise de café, c'est mal barré! Adieu ma petite clope du matin, mon petit canon du soir.... En plus, ça sent le fauve, faites quelque chose!

C'est des secotinnes tous autant qu'ils sont. Je peux pas me laver ni me fringuer tranquille, soit. Mais les internes, quelles plaies! Elles viennent prendre mes constantes et me scruter, voir comment j'ai été charcuté. Oh non, je donnerai pas mon corps à la science! D'accord, je le reconnais, la dernière arrivée, c'est une bombe. Le kiné, lui, il devrait en prendre de la graine. En bas, en haut, un vrai bourreau! Si j'avais su, j'aurais gardé ce fichu platre qui me démangeait, Grrr!

Du matin au soir, ça grouille autour de moi. c'est pire qu'une fourmilière. On vient me tenir compagnie, vérifier que tout suit son cours. Je recrache leur drogue et je me passerais bien de leurs remèdes miracles: blagounettes à deux balles, petits mots gentils, sourires forcés... Pitié, lâchez moi!

Le pire, c'est la nuit. Enfin débarassé de cette bande de pantins formatés, on croit pouvoir se reposer, histoire de recharger ses accus. Trop beau pour être vrai... A peine couché, on entend tout et n'importe quoi : le voisin qui ronfle, les mioches qui braillent, les petits vieux qui déraillent.... Pardonnez moi, je respecte leur boulot mais c'est franchement hard....

Oh mon Dieu, dites moi que je finirai pas comme ça! C'est bien ce que je dis, c'est un jeudi noir et j'aurais mieux fait de rester couché. C'est juste une putain de journée. Je veux bien prendre sur moi et faire des efforts mais sortez moi de là!

Proposé par Marlène

Grégory

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